Comics et SF face à la science:
Univers parallèles et réalités alternatives.



1 LA FICTION.
Classification des univers par leur contenu.
Les univers parallèles sont un des grands thèmes de la science fiction. Je ne saurais dire dans quel oeuvre ni chez quel auteur, ils sont apparu pour la première fois. D'autant qu'il faudrait éplucher les contes et légendes pour voir si il n'ont pas précédé la science fiction elle même. C'est difficile à préciser car il n'est pas toujours commode de décider si l'on vient de pénétrer dans un autre monde ou "simplement" dans une partie cachée du nôtre. Les univers parallèles les plus courants sont des mondes habités complètement différents du nôtre. C'est la catégorie favorite du cinéma, celle, aussi, dont il me semble qu'on pourrait trouver la trace dans les contes et légendes, elle abonde également dans la littérature et on trouve dès 1941 un explorateur d'univers parallèles en BD, Jimmy Jupiter chez Marvel. Ces mondes sont généralement médiévaux. L'excellente série T.V. australienne pour adolescents Spellbinder / Les maîtres des sortilèges en offre le parfait exemple. Souvent, de plus, ils sont peuplés de créatures folkloriques, fées, lutins, dragons... Le héros, un humain ordinaire, s'y retrouve par hasard et y vit bien des mésaventures avant d'avoir le bonheur de rentrer "chez nous". Dans les Fantastic Four, on trouve un univers parallèle plus exotique, la Zone Négative, un monde d'antimatière. (Voir ma page sur l' antimatière). N'oublions pas les limbes, des espaces parallèles mais vides, ou à peu près. Telle la fameuse Zone Fantôme où étaient emprisonnés tous les criminels compatriotes de Superman, grâce à leur châtiment seuls survivants, avec lui, de l'explosion de leur planète natale. Cette zone, surtout présente durant la période Terre I (les années 60 et 70 de Superman) constituait un formidable réservoir d'adversaires qui menaçaient toujours de s'en échapper ou d'y ourdir quelque complot. Difficile de dire si les limbes du monde astral où Dr Strange et ses ennemis s'affrontent mentalement sont un lieu où la représentation illusoire de ce qui se passe dans leur esprit.











D'autres contrées, moins spectaculaires que les mondes médiévaux et féeriques mais plus intéressantes, combinent la notion d'espaces parallèles et celle de réalité alternative, les mondes à la Philip K Dick. Une réalité alternative est extrêmement proche de la notre, mais elle en diffère par certains détails. Dans tel roman de Dick le héros hère dans une ville semblable à la sienne mais où personne ne le connaît, où il n'est pas censé exister. Dans tel autre ce sont les nazis qui ont gagné la seconde guerre mondiale. La série T.V. Sliders présenta une magnifique galerie de "sociologies alternatives". Dans chaque épisode les voyageurs retrouvaient une Terre semblable à la nôtre, au point qu'ils pensaient parfois être enfin rentrés chez eux, mais dont l'histoire avait divergé à un point quelconque. On a ainsi vu une Amérique communiste, ou demeurée à l'état de Far West, un monde où l'étude de la magie avait détrôné celle de la science, un autre ou la surpopulation était évitée par l'élimination des "gagnants" d'un jeu de hasard. Dans un autre genre, DC, l'éditeur de Superman a toujours pratiqué la politique de racheter ses concurrents malheureux, se constituant ainsi un stock de personnages étrangers les uns aux autres, vivant par groupes dans des mondes où les autres n'étaient pas censés exister. Même les personnages "purement DC" se sont mis à exister en deux exemplaires, à partir de 1956, quand les héros des années 40 furent ressuscités mais avec des caractéristiques différentes. A partir de 1960, il fut décrété que les différentes familles de personnages de DC vivaient dans différents univers baptisé Terre I, Terre II etc. Les personnages de DC vécurent ainsi jusqu'en 1985 dans un véritable catalogue d'univers parallèles où certains voyageait parfois pour se rencontrer. Puis dans la mini-série Crisis on infinte Earths, la crise sur une infinité de Terres, tous ces univers, sauf un, furent détruits et tous les héros se retrouvèrent sur le même monde, hormis ceux faisant double emploi qui moururent. Ce rêve de simplicité fit d'ailleurs long feu et les comics DC ne tardèrent pas à se remplir à nouveau d'univers parallèles, de réalités alternatives et de mondes à l'ontologie imprécise.


Strange Adventures 181
© DC comics 1965


2 (La fiction toujours.)
Ontologie des univers parallèles.

Revenons un instant sur la réalité alternative pour noter qu'elle n'est pas forcément synonyme d'univers parallèle. Avec les voyages dans le temps, c'est la réalité "de chez nous" qui est modifiée par une altération du passé, rappelez vous les films Retour vers le futur. Dans un épisode de Buffy contre les vampires, c'est la magie qui altère la réalité. Un personnage "souhaiterait" que Buffy ne soit jamais venue dans sa ville. Pour son malheur son voeu est exhaussé; du coup, les vampires sont maîtres de la ville. La suite témoigne de l'ambiguïté des réalités alternatives. Il n'est pas question ici d'univers parallèles, c'est bien notre réalité, la seule, qui a été momentanément modifiée et tout est rentré dans l'ordre à la fin, pourtant dans un épisode ultérieur, un personnage de cette non-réalité, la version vampire de Willow, revient, comme si elle n'avait pas cessé d'exister et même d'avoir existé, comme si elle avait attendu "quelque part" le moment de refaire surface. Les réalités alternatives peuvent aussi ne prétendre à aucune existence du tout, comme de nombreux épisodes de Superman de la fin des années 50 et début des 60, tout simplement présentés comme imaginaires. Superman jamais venu sur Terre, Superman marié avec enfants, Superman criminel et Lex Luthor héros etc. etc. Le procédé a été repris par Marvel en 1977 avec What if / Et si. Les histoires se déroulent dans un monde imaginaire, au départ identique à celui de Marvel mais qui en a divergé à partir du moment où un personnage a fait un choix différent de celui qu'on avait lu dans tel ancien épisode. Si son oncle n'avait pas été tué, Spider-Man ne serait pas devenu un héros. Et si Sue / Jane n'avait pas épousé Red mais Sub-Mariner, le chef des Fantastic Four, fou de jalousie, aurait provoqué une guerre avec le monde sous-marin. L'ambiguïté prend ici toute son ampleur, car le Watcher qui présente les histoires affirme tantôt qu'elles sont purement imaginaires et laisse entendre à d'autre moment qu'elles sont bien réelles, mais dans d'autres univers. Réalités alternatives et univers parallèles ne sont donc jamais bien loin l'un de l'autre.











Remarquez que les espace parallèles et les "réalités imaginaires" ne sont pas les deux seules formes possibles d'ailleurs absolus. Ainsi, Terre I, Terre II et l'infinité de Terres de DC n'étaient pas, des espaces parallèles. Il faut relire le premier épisode où apparaisse Terre II, une aventure de Flash, pour le réaliser: Toutes les Terres sont situées dans le même espace mais elles sont imperceptibles les unes pour les autres, car elles vibrent à des vitesses différentes. Sa maîtrise de la vitesse permet à Flash de modifier la fréquence de vibration de son corps et de voyager d'un monde à l'autre. (Par la suite, les scénaristes se gardèrent bien de préciser comment les autres personnages s'y prenaient pour traverser la "frontière", volontairement ou non.) Une dernière possibilité est celle d'univers situés dans des feuillets différents d'un seul espace, mais un hyperespace. La géométrie à quatre dimensions (ou plus) offre d'ailleurs des possibilités fantastiques à la science-fiction, beaucoup plus fantastiques que de "banals" univers parallèles, et qui n'ont jamais été exploitées. Mais je n'en parlerai pas, d'abord parce que j'ai utilisé ces possibilité dans mon dernier livre Le chat de Schrödinger et les voyageurs inaperçus, un roman de science fiction pas encore publié, et ensuite parce que cette page est consacrée aux univers parallèles. Les histoires se référant à l'hyperespace sont légion. Mr Mxyztplk, le lutin qui s'amuse à tourmenter Superman habite la cinquième dimension. On a pu visiter son monde, dans certains épisodes. Il ottag, le chat philosophe créé par le dessinateur de BD italien Rebuffi et (très peu) connu en France sous le nom du Tahc, est un représentant non moins folklorique de la quatrième dimension. Enfin, pour clore ce tour d'horizon, si je ne parle pas des géométries non euclidiennes, c'est parce qu'elles n'offrent aucune possibilité d'univers parallèles. (Je veux dire ni plus ni moins que le bon vieil espace du père Euclide, à nombre de dimensions égal.)



Sliders © Universal





3 LA RAISON.
Tout cela est-il bien sérieux?

Au premier abord, la notion d'univers parallèles est plutôt choquante. Si l'on définit l'espace comme la possibilité pour les corps d'occuper un certain emplacement, soit absolu, soit les uns par rapport aux autres, on ne voit pas comment il pourrait y avoir plus d'un seul espace. Je considère cela comme absurde, même si certains cosmologistes en ont pourtant bien fait une théorie (les univers bulles, j'en parle dans un instant.) Néanmoins, nous venons de voir qu'il n'y a pas forcément besoin d'aller chercher une ontologie aussi bizarre pour évoquer des mondes parallèles. Ainsi Flash change d'univers en modifiant simplement la fréquence de vibration des atomes de son corps. Pour éviter de créer un néologisme, j'appellerai ce type de mondes, situés dans le même espace tridimensionnel que le nôtre mais imperceptibles des espaces indécelables. Les espaces indécelables sont parfaitement plausibles. Bien entendu si vous foncez sur un mur qui vibre, vous allez bien vous casser le nez, comme sur un mur ordinaire, sinon pire. (Pour plus de détails voir le paragraphe Flash de ma page Les super-héros face à la science.) Mais les vibrations ne sont pas essentielles à notre histoire. Les particules élémentaires qui constituent la matière sont minuscules. Il faudrait mettre mille milliards d'électrons bout à bout pour faire une ligne de 1 millimètre. Sans les interactions qui les unissent, elles n'auraient pas plus de chances de se rencontrer que deux grains de poussière séparés par la même distance que la Terre et la Lune. Il suffirait pour que l'autre monde soit indécelable qu'il soit constitué de familles de particules indifférentes aux quatre interactions qui régissent les particules du monde connu et affectées par d'autres interactions sans effet sur les particules connues. Songez qu' alors que l'univers est plein de neutrinos, il a fallu aux scientifiques 25 ans, des efforts considérables et des sommes d'argent pharaonique pour avoir une confirmation de l'existence de cette particule parce qu'elle ne se souciait pas des interactions électromagnétiques ni des interactions nucléaires. Le neutrino s'est finalement trahi parce qu'il obéit aux interactions faibles mises en jeu dans la radioactivité, mais les scientifiques ignorent toujours si existent ou non toutes sortes de particules prédites par leurs théories. Certaines sont pourtant sont censées, si ils existent, être très répandues, mais ils n'ont encore jamais trouvé moyen de les observer. En fait, la seule raison de ne pas croire qu'en ce moment même, une foule de banlieusards indécelables soient en train de passer à travers votre corps pour prendre le métro d' Autremonde-Ville dans votre salon est le rasoir d'Ockham. (Le rasoir d'Ockham est le nom donné en épistémologie à la règle selon la quelle ça ne rime à rien d'inventer n'importe quoi sans avoir une bonne raison pour ça.)












Le recours à l'hyperespace, bien qu'il choque aussi au premier abord, est quand on y réfléchit logiquement inattaquable. La géométrie du plan est parfaitement cohérente, pourtant le monde réel n'a pas deux mais trois dimensions. Pourquoi? Et pourquoi, tant qu'à faire, n'en aurait il pas quatre? Il n'y a aucune contradiction logique dans la géométrie à quatre dimension, aucun principe philosophique, pas même un principe contesté, qui s'y oppose. Cela choque simplement parce que notre imagination est incapable de se représenter un tel espace. Le mathématicien qui a souvent effectué des calculs relatifs à des figures à quatre dimensions peut finir par avoir l'impression qu'il arrive à les imaginer mais il se trompe, il s'agit uniquement de conclusions purement intellectuelles accompagnées d'aucune image. La quatrième dimension est, au sens propre, inimaginable, mais pas inconcevable pour autant. Moi même, j'avoue rester très sceptique, pourtant, l'hypothèse ne peut pas être rejetée sans examen. Il est donc temps d'interroger la science. Vous serez probablement surpris d'apprendre qu'il existe non seulement une mais même quatre théories scientifiques des univers parallèles et que les deux principales ressemblent extraordinairement aux réalités alternatives imaginées par les scénaristes de Sliders et de What if.








4 La science.
Les univers parallèles en mécanique quantique.

Mr Schrödinger, papa des équations de la mécanique quantique, cherche son chat.
Quelques rudiments de mécanique quantique sont nécessaires pour comprendre comment des scientifiques très sérieux en sont venus à parler d'univers parallèles. Prenons l'expérience d'optique de Young. On installe deux écrans l'un derrière l'autre, le premier étant percé de deux fentes étroites et très rapprochées. On plonge la pièce dans le noir et on éclaire le premier écran avec une lampe (monochromatique). Le premier écran étant percé de deux fentes que la lumière ne manquera pas de traverser, on s'attendrait à voir deux halos lumineux apparaître sur le second. Au lieu de quoi, on observe toute une série de bandes lumineuses et de bandes noires parallèles. A cause de cela on a longtemps cru que la lumière était une onde. L'onde se serait séparée en deux vagues qui seraient entrées en interférence sur le second écran et tout s'expliquait. Mais on sait aujourd'hui que la lumière est formée de particules, les photons. On pourrait alors penser que la moitié des photons passe par une fente, l'autre moitié par l'autre fente et que quand les deux faisceaux se rencontrent, ils se perturbent, comme le feraient deux ondes. Il n'en est rien. On continue d'observer les mystérieuses bandes si l'on envoie les photons un par un, chacun partant après l'arrivée du précédant. L'interprétation usuelle de la mécanique quantique est que ce qui est réparti comme une onde c'est la probabilité de présence des photons. Puisqu'on ignore par où chaque photon est passé, c'est qu'il n'est passé ni par la fente de droite ni par celle de gauche, mais que sa probabilité est passée par les deux. Ce qui a interféré et causé les bandes observé c'est la probabilité de passage du photon à droite avec sa probabilité à gauche. Si on bouche une des deux fentes, on sait que le photon est passé par l'autre, il n'y a donc plus de probabilité, mais la certitude qu'il est passé par ici et non par là et il n'y a plus d'interférences. Ceci ne concerne pas que les fentes de Young, de très nombreux phénomènes de toutes natures se manifestent comme si il ne s'était passé ni ceci, ni cela mais que la probabilité de ceci et la probabilité de cela avaient passé un compromis. Si cela vous semble complètement absurde, c'est que vous avez bien compris. De très nombreux physiciens considèrent également que c'est insensé. L'un d'eux, Schrödinger avait imaginé une expérience pour le montrer.



Le chat de Schrödinger.
On enferme un chat dans une caisse. Un dispositif susceptible de tuer le chat, à base par exemple de gaz empoisonné, est asservi au passage d'une particule par ici ou par là. Comme la caisse est fermée, il est impossible de savoir si la particule est passée à gauche et a tué le chat ou si elle est passé à droite et qu'il est toujours vivant. (N'appelez pas la SPA, c'est une expérience imaginaire, juste pour discuter.) Si l'on prend à la lettre la mécanique quantique, comme la particule n'est passé ni à droite ni à gauche mais les deux à la fois, le chat est à la fois mort et vivant. Pourtant, lorsqu'on ouvrira la caisse, on constatera bien soit que le chat est vivant soit qu'il est mort, non? Oui. Mais à partir de ce moment là seulement. Le chat, depuis cinq minutes à la fois mort et vivant, se transformera brusquement en chat mort depuis cinq minutes ou en chat toujours vivant. (D'après les dernières expériences, l'état mort-et-vivant ne durerait pas ausssi longtemps et il n'est pas certain qu'un objet aussi gros qu'un chat obéirait à la mécanique quantique, mais un paradoxe n'est pas une question de taille ni de durée.) De nombreux chercheurs ont essayé de construire une théorie raisonnable, une interprétation de la mécanique quantique qui ne fasse pas mourir de rire un cheval de bois, qui respecte au moins les principes les plus élémentaires de la logique et du bon sens, tel le principe de tiers exclu qui dit qu'une porte doit être ouverte ou fermée, un chat mort ou vivant. Tous ont échoué. Pire, depuis certaines expériences du début des années 80, pratiquement tous ont renoncé et considèrent que c'est impossible. Tous ont échoué? Non, en fait. Deux ont réussi. Bien que leurs théories soient extrêmement différentes, toutes deux partent de la même idée. Il y a des univers parallèles. Un univers ou le chat de Schrödinger est mort et un où il est vivant.





La première théorie quantique des univers parallèles a été formulée par Hugh Everett III en 1956. C'est une théorie du type de mondes que j'ai appelé plus haut indécelables, autrement dit situés dans le même espace que nous. Supposons que derrière une des deux fentes de Young, on place un détecteur. Grâce à cet instrument, si le photon est passé par cette fente et non par l'autre, on le saura. D'après Everett, à l'instant où le photon est susceptible d'arriver, ou non, dans le détecteur, l'appareil se dédouble. Il y a un détecteur qui signale l'arrivée du photon et l'autre qui ne le détecte pas, parce qu'il est passé par l'autre fente. Pourtant supposons que le Professeur Tournesol regarde le détecteur pour savoir si le photon est passé. Il va bien ne voir qu'un seul détecteur, qui aura enregistré ou non le passage du photon. Oui... et non. Car à cet instant le Professeur Tournesol se dédouble. Il y a un lui même qui voit le détecteur signalant l'arrivée du photon et l'autre celui ne signalant rien. Supposons qu'une semaine plus tard, le Professeur Tournesol reçoive la visite du savant Cosinus, si il lui parle de l'expérience, alors le savant Cosinus va se dédoubler aussi. L'un de ses double va entendre le Professeur Tournesol qui lui dit que le photon a été détecté et l'autre celui qui lui dit que non. Depuis le début des temps, ce sont ainsi des milliards et des milliards d'univers inachevés ou en cours de construction qui se sont créés. Mais qu'est ce qui empêche le Professeur Tournesol de voir les deux détecteurs? Pourquoi ne voyons nous qu'un seul Professeur Tournesol et pas son double? La théorie s'efforce de répondre à cette question, mais cette partie est inachevée et même le commencement de réponse ne me paraît pas extrêmement convaincant. Si vous trouvez cette théorie fantastique, sachez qu'elle est très modeste comparée à celle plutôt délirante formulée beaucoup plus récemment par David Deutsch.











Dans la théorie de Deutsch, c'est pareil, sauf qu'il n'y a pas des milliards d'univers en cours de construction, mais une infinité d'univers entièrement constitués depuis toujours et n'attendant qu'une occasion pour se diviser en une infinité d'univers où le photon passe par la fente de gauche et une infinité d'autres où il passe par celle de droite. Il ne s'agit pas de mondes indécelables mais situés dans des espaces parallèles. La réalité de Everett, et encore plus celle de Deutsch, semblent sorties tout droit de Sliders ou de What if. Deutsch évoque à titre d'exemples un univers où Christophe Colomb n'a pas découvert l'Amérique, un autre où l'astéroïde qui a détruit les dinosaures ne s'est pas écrasé sur Terre et où les dinosaures sont encore là, mais pas nous. Les scénaristes de Sliders ou What if sont plutôt timides à côté. En fait, je ne suis pas convaincu, même en admettant que cette théorie soit exacte que la simple réduction d'une fonction d'onde (=le simple fait qu'une pauvre particule élémentaire soit passée à droite ou à gauche) puisse avoir des répercussion aussi gigantesques. Au contraire malgré ses fantaisies à l'échelle microscopique le monde reste déterministe, c'est à dire calculable, prévisible à l'échelle humaine. Le plus beau, c'est que aussi bien Sliders que What if ont été créés avant Deutsch et de toute évidence dans l'ignorance totale de Everett. Pourtant le Spider-Man non héroïque de What if quand nous ne voyons qu'un Spider-Man exemplaire, c'est le chat de Schrödinger vivant quand nous le voyons mort. La théorie de Deutsch est au centre de mon roman Le chat de Schrödinger et les voyageurs inaperçus ,disponible en téléchargement.









Si ces théories ne vous semblent pas sérieuses sachez que sur 72 cosmologistes et théoriciens quantiques interrogés par David Raub, en 1995, 58% croyaient aux univers parallèles (de Everett), 18% les rejetaient et 24% étaient sans opinions. Pourtant là encore, j'ai un doute. Si tout le monde croit aux univers parallèles, comment se fait-il que la mécanique quantique officielle, celle qui s'enseigne dans les universités, soit toujours celle où il nous faut nous débrouiller avec un seul univers et un seul chat à la fois mort et vivant? Quoi qu'il en soit, il existe deux autres théories à univers parallèles, beaucoup moins populaires (si l'on se fie à ce sondage) et sans rapport avec la mécanique quantique. La première est celle des univers bulles.







5 La science, encore.
Théories cosmologiques.

Vous avez sans aucun doute déjà entendu parler de la théorie de l'univers en expansion. Les observations astronomiques suggèrent fortement que chaque partie de l'univers est en train de s'éloigner de toutes les autres. Si on remonte en imagination dans le passé, il a donc dû y avoir un moment où tout l'univers était amassé au même endroit et il a dû se produire une sorte d'explosion qui a créé l'univers en lançant son expansion, c'est le Big Bang. La théorie qui nous intéresse est celle selon la quelle il y aurait eu d'inombrables Big Bangs et il en resterait encore d'innombrables à venir. Nous vivrions donc dans un univers parmi d'autres. Cette théorie a la faveur des partisans du principe anthropique. Les lois de la nature sont caractérisées par certains nombres comme la vitesse de la lumière ou la constante de Plank, l'univers est également caractérisé par des nombres, comme sa densité ou la vitesse de son expansion. Or, on remarque que tous les nombres importants semblent être ajustés pile poil pour que se créent des étoiles, pour que la chimie soit compatible avec la vie, pour que se développent les conditions d'apparition de la vie. etc. Il suffirait de modifier un seul chiffre très loin derrière la virgule d'un seul de ces nombres et nous ne pourrions plus exister. C'est une extraordinaire, et heureuse, série de coïncidences. Comment expliquer un tel miracle? Le principe anthropique, c'est qu'il n'y a pas de coïncidence là dedans, mais une nécessité logique, liée au fait que des valeurs différentes ne pourraient pas être observées parce qu'elles impliqueraient qu'il ne puisse exister personne pour les observer. Si nous admettons qu'il y a eu plusieurs, voir une infinité d'univers, rien ne nous interdit de supposer qu'ils aient chacun des caractéristiques complètement différentes et des lois de la nature différentes. Si ils sont assez nombreux, il y en aura un dans le tas qui aura par hasard juste les constantes qu'il faut pour engendrer la vie et celui que nous observons est forcément celui là puisque les autres sont inhabités. Bien, me direz vous, mais je vous ai vendu du verre pour du diamant, si il y a bien ici plusieurs univers, ils ne sont pas parallèles, ils sont seulement éloignés les uns des autres. En fait, cela ne représente au bout du compte qu'un seul univers avec de grands espaces vides entre ses différentes parties. Erreur.







La théorie de l'univers en expansion n'est pas seulement basée sur les observations astronomiques qui suggèrent l'expansion, mais également sur la théorie de la relativité qui impose une conception de l'espace pour le moins étrange. D'après la théorie de l'univers en expansion, les étoiles ne s'éloigne pas les unes des autres, c'est l'espace qui enfle. Ce n'est pas seulement la matière qui est apparue lors du Big Bang mais aussi l'espace (et même le temps). Je mentirais en disant que cette conception me convainc vraiment. Si on la prend à la lettre l'expansion devrait être inobservable. Imaginez (si vous le pouvez) que l'espace grandisse, dans ce cas la règle avec la quelle vous mesurez un objet ou la distance entre deux objets grandira en même temps qu'eux et vous ne constaterez aucun changement. Il faut donc nécessairement qu'il y ait une échelle en dessous de la quelle l'espace cesse d'être en expansion, échelle dont aucun cosmologiste n'est capable de fixer la valeur, dont aucun n'est capable de justifier l'existence dans le cadre de la théorie et à la quelle aucun se garde bien de jamais faire allusion. Quoi qu'il en soit, si l'espace est bien en expansion comme en sont convaincus tous les cosmologistes et si il y a bien eu de nombreux Big Bang, comme l'envisagent une petite minorité d'entre eux, alors il y a bien plusieurs espaces et autant d'univers parallèles. Chaque univers n'est situé par rapport à un quelconque autre ni à droite, ni à gauche, ni près, ni loin, ni même dans une autre dimension.




L'univers fantôme.

Notre dernière théorie est plus modeste que les trois précédentes, car elle suppose "seulement" deux univers. Un grand nombre de problèmes se posent aux astronomes, que cette théorie résout de façon assez ingénieuse. Vous savez comment les planètes tournent. La pesanteur les pousse vers le soleil mais leur élan tend à les emporter loin de lui. Sous l'effet de ces deux tendances contraires, elles tournent en rond. Le moteur de cette rotation est donc leur poids et celui du soleil. Plus elles sont lourdes plus elles tournent vite. Il en va de même pour les étoiles dans les galaxies, qui tournent chacune autour de l'ensemble des autres. Or leur vitesse ne cadre pas avec leur nombre. Elles tournent trop vite pour le poids qu'elles représente. Neuf dixièmes de la masse nécessaire à cette vitesse manquent. Cette mystérieuse masse manquante ou "matière noire" a fait l'objet d'innombrable théories mais personne n'a encore pu fournir une hypothèse satisfaisante et en accord avec les faits sur sa nature exacte. On ne comprends pas non plus comment se sont formées les galaxies. Leur poids n'était pas suffisant pour les agglomérer au départ, elles ne devraient pas exister. La théorie du shadow universe, l'univers ombre ou univers fantôme, explique tout cela, et bien d'autre choses, en supposant l'existence d'un univers parallèle qui est plein d'étoiles dans les régions vide de notre univers et vide dans les régions ou notre univers contient des étoiles. La matière de chez nous et la matière ombre se repoussent mutuellement en raison de leur poids, de la même façon que à l'intérieur de chaque univers la matière attire la matière en raison de son poids. Ainsi les galaxies se sont formées sous la pression de la matière répulsive de cet univers parallèle. C'est de même cette répulsion venue d'un autre monde qui est responsable de la vitesse de rotation exagérée des galaxies dans le nôtre. Il s'agit d'une théorie marginale. La grande majorité des scientifiques croient toujours à la matière sombre, sous une forme ou sous une autre, ou sous aucune forme précise mais à l'intérieur des galaxies et dans l'univers plutôt qu' autour des galaxies et hors de l'univers.




Non, inutile de préparer vos valises. Les quatre théories scientifiques des univers parallèles partagent un point commun qui les distinguent des univers de la BD, de la T.V. ou de la littérature. Personne ne voyage, ni ne va voyager, d'un univers à l'autre. Il n'y a aucun moyen pour cela. Dans la réalité, aucun Quinn Mallory n'est en ce moment dans son garage en train d'élaborer une machine à "glisser".










COMICS ET S.F. FACE A LA SCIENCE.

L'antimatière. L'antimatière existe-t-elle? La zone négative. Des galaxies d'antimatière? Vers une bombe à antimatière? L'espace et le temps sont-ils à l'envers pour l'antimatière?
Univers parallèles et réalités alternatives What if, Sliders, Terre II. La mécaniques quantique, le chat de Schrödinger et les univers parallèles, les univers bulles en expansion, le shadow universe.
Les mutants. Les X-men, Darwin et les cladistes.
Le voyage dans le temps. La relativité, les trous noirs, l'univers de Goëdel, voyage dans le temps et principe de non contradiction, Superman et l'impossibilité de changer le passé. etc.
Les super-héros. Le sens de Spider-Man, les pouvoirs de Superman, Atom Ant-Man Brick Bradford et les échelles de grandeur, Iceberg et la thermodynamique, le 0 en dynamique appliquée de Tony Stark, Bizarro ou la pesanteur sur une planète cubique, Daredevil et le détecteur de mensonges, le Professeur X et la télépathie, les étranges applications de la vitesse de Flash etc. etc.








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Qui était Ted Carter, dessinateur de comics et... espion? Vampire? Extra-terrestre? Ou voyageur inaperçu? Mais qu'est ce qu'un voyageur inaperçu? Et quel rapport avec la plus grande des énigmes scientifiques, celle du chat de Schrödinger à la fois mort et vivant?





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