Homère... mais pas sculpté d'après nature. | Les problèmes commencent au moins-troisième siècle, avec Zénodote, le conservateur de la légendaire bibliothèque d'Alexandrie. Non que Zénodote n'aimât pas Homère, il en était le plus grand zélateur. Mais un zélateur très pointilleux. Pour lui c'était un sacrilège d'attribuer au poète ce qui n'était pas de lui. Il a donc fait la chasse à l'apocryphe. Rien n'était d'Homère à l'exception de l'Iliade et de l'Odyssée. Et encore, une partie seulement de ces deux ouvrages. Ses critères d'authenticité étaient parfois déroutant, même pour l'époque. Par exemple, il rejetait les vers 4 et 5 du livre 1 de l'Iliade, car il y était question de " l'horrible repas des chiens et des oiseaux ". Or les bêtes ne font pas de "repas", elles mangent, c'est tout. Donc ce passage ne pouvait pas être d'Homère. Cela vous semble fou? Vous auriez été bienvenu à Pergame. Homère devint l'objet d'une véritable guerre de religion entre les deux pôles culturels de la fin de l'ère pré-chrétienne, la bibliothèque d'Alexandrie et celle de Pergame. On ne plaisantait pas. Zoïle fut condamné à mort par Ptolémée pour parricide, comprendre pour avoir critiqué l'oeuvre d'Homère, le père des poètes. | |