Nicolas Flamel avait il découvert la Pierre Philosophale?


Nicolas Flamel est né entre 1330 et 1340, mort en 1418. Il habitait Rue des Escrivains, exerçait la profession de libraire et a reçu le titre de juré de l'Université de Paris. Il est né sans fortune particulière, tout comme Pernelle, qu'il épousa en 1370 et qui mourut en 1397. Le plus célèbre des alchimistes n'était pas un alchimiste. Tout du moins ne s'en est il jamais réclamé, alors que c'était une activité plus qu'honorable, prestigieuse. A plus forte raison n'a-t-il jamais déclaré être un faiseur d'or. De son vivant, c'était un illustre inconnu.


La Pierre Philosophale était le but suprème de l'alchimie. Elle devait changer le plomb en or. (On lui prétait parfois d'autres vertus non moins fantastiques telles que de prolonger indéfiniment la vie et la jeunesse.) Néanmoins sa recherche n'était pas motivée par la cupidité mais par un élan spirituel. Ce n'était pas le but qui comptait mais le chemin pour l'atteindre. La quète de la Pierre Philosophale n'était pas la recherche d'une recette mais la tentative de parvenir au bout d'un long labeur patient et méticuleux de purification de la matière et de l'officiant. Aujourd'hui on sait fabriquer de l'or. Pour la science moderne, la transmutation n'est plus ni un mythe, ni un rêve, mais une réalité banale. Il faut juste être prêt à payer un prix plus élevé que pour une quantité équivalente d'or achetée sur le marché. Mais les méthodes de la physique atomique ne ressemblent pas plus au Grand Oeuvre décrit par les alchimistes que l'avion à réaction au tapis volant.


A sa mort, Nicolas Flamel possédait plusieurs belles maisons dans les quartiers bourgeois de Paris. Toute sa vie, il avait fait des dons extrêmement considérables à l'église et aux oeuvres de charité. Les rumeurs, que les siècles ont enflées jusqu'aux dimensions d'une légende, ont commencé à courir, juste après sa mort.

Deux pistes peuvent établir si Nicolas Flamel avait ou non fabriqué de l'or, voir permettre de l'imiter. La première a été suivie par des cryptographes amateurs qui ont prétendu avoir décodé un message secret dans des ornements sculpturaux des maisons de Nicolas. Cette voie me semble trop ridicule pour s'y arrêter. Imaginons que vous soyez Nicolas Flamel. Vous possédez un secret qui vous vaudra la fortune mais qui révélé perdra toute sa valeur et pourrait même, peut-être, vous valoir une accusation de sorcellerie. Qu'allez vous faire? Pourquoi est ce que je pose la question? C'est évident. Vous n'aurez rien de plus pressé que de l'étaler sur les murs de Paris, n'est ce pas?

Deuxième piste: un ouvrage très rare, le Livre des Figures Hiéroglyphiques. Les autres livres attribués à Nicolas Flamel sont, de toutes évidence, des faux grossiers destinés à escroquer les naïfs. Le problème, c'est que le Livre des Figures, lui même, est loin d'être au dessus de tout soupson. Paru en 1612, soit deux siècles après la mort de son auteur prétendu, il n'est même pas signé Nicolas Flamel, mais Arnaud de la Chevalière. Et il ne contient aucune information concrète qui permettrait de commencer un semblant de travail en vue de créer de l'or. Selon ce texte, Nicolas Flamel aurait trouvé la méthode pour fabriquer de l'or dans un vieux manuscrit, Aesch Mezareph, de Abraham le Juif. Il n'existe que deux exemplaires de ce livre, l'original et une copie, l'un à la Bibliothèque Nationale, l'autre à la Bibliothèque de l'Arsenal. Mais ils ne sont pas disponibles à la consultation.

Vous pouvez, par contre, facilement vous procurer mon roman Le onzième manuscrit, qui vous apprendra tout ce que l'on sait sur Nicolas Flamel et... même ce que l'on ne sait pas.

Page et texte © G. Courtial, reproduction interdite.