Ce n'est pas tout. A partir du treizième siècle, les marins de Dieppe, ces normands, donc français mais descendants des vikings, font fortune en important un bois très précieux. Si l'on exclut la trop lointaine Indonésie, il n'y a qu'un endroit au monde où pousse l'arbre qui fournit ce trésor. Les dieppois en gardent farouchement le secret. Aujourd'hui, ce n'en est plus un. D'une part, ils l'ont révélé en 1503, d'autre part ce serait difficile puisque le pays, officiellement découvert en 1500, a été baptisé du nom du bois en question, le brésil. |
Selon la légende populaire Christophe Colomb, en butte à la bêtise obscurantiste de ses contemporains qui croyaient que la Terre était plate, aurait eu raison contre tout le monde. Son expédition aurait à la fois démontré la sphéricité du monde et permis, par accident, la découverte de l'Amérique. Comme toutes les légendes populaires, celle ci est magnifique, édifiante et complètement fausse. En fait, c'est Colomb qui avait tort contre tout le monde. Les idées obscurantistes imposées par l'église au début du moyen âge étaient oubliées depuis longtemps et vous auriez fait rire un homme du quinzième siècle autant qu'un de nos contemporains en lui soutenant que la Terre était plate. On avait retrouvé les connaissances de l'antiquité et en particulier le calcul du diamètre de la Terre réalisé par Erastophène, le conservateur de la bibliothèque d'Alexandrie. Personne ne niait qu'en navigant assez longtemps vers l'ouest on finirait par arriver en Inde. D'ailleurs cela avait déjà été tenté par Diego de Teive en 1452. Plus d'une demi douzaine d'autres s'y essayèrent après lui et avant Colomb. La différence entre Christophe Colomb et ses détracteurs, c'est que ceux ci avaient calculé la distance exacte qu'il faudrait parcourir pour cela, tandis que Colomb, par une suite abracadabrante d'erreurs injustifiables et toutes biaisées dans le même sens, en arrivait à situer la côte indienne quatre fois et demi moins loin et, avec une précision stupéfiante, très exactement là où se trouve celle de l'Amérique. C'est une chance, car sinon il serait mort de faim et de soif avec tout son équipage, comme tout le monde le lui prédisait. Mais était-ce vraiment une chance? | | Christophe Colomb a passé dix ans à soumettre son projet d'expédition à toutes les têtes couronnées de l'ancien monde. Il a essuyé les refus successifs des rois du Portugal, d'Angleterre et de France. Ils sont conseillés par des érudits qui savent calculer une distance. Le 17 avril 1492, il plaide sa cause auprès d'Isabelle de Castille qui... le rejette, elle aussi. Une heure plus tard, elle envoie des cavaliers à ses trousses. On le ramène et il apprend que son projet est accepté. Qu'est ce qui a fait changer d'avis la Reine? | Est-il possible qu'aucun historien n'ait lu le journal de bord de Christophe Colomb? Sinon j'aimerais savoir comment ils concilient avec la thèse officielle la très étrange page du 25 Septembre 1492 où - alors qu'il navigue depuis longtemps déjà dans des eaux qu'aucun homme, nous demande-t-on de croire, n'avait jamais atteintes - Colomb estime avoir été dévié vers le nord-est par les courants... car il ne voit pas un groupe d'îles "qui figurent pourtant sur la carte "! | |
 Amerigo Vespucci | Il ne faudrait pas croire que les mystères s'arrêtent en 1492. Il n'est plus étonnant qu'on parle de l'Amérique ou qu'on la trouve sur des cartes, puisque maintenant, tout le monde est d'accord, quelqu'un y est allé. Pas étonant? On commence tout de suite à parler de nouveau monde. Dès 1507, on le représente sur une carte bien détaché de l'Inde et on le baptise Amérique. Du prénom d'Amerigo Vespucci, le second navigateur -officiellement- à y avoir abordé, à qui on en atribue bientôt la découverte. Comment savait-on que ce n'était pas l'Inde? Cette carte est d'ailleurs trop complète et trop exacte, tout comme certains croquis retrouvés dans les papiers personnels de Colomb. Qu'on connût le tracé des côtes suivies par Colomb, d'accord. Mais d'où connaissait on celui de l'Amérique du Sud? |
Ce n'est pas seulement l'honneur de la découverte du nouveau monde que l'on se dispute, c'est aussi sa possession, en son nom autant qu'au nom de son souverain. A suposer qu'il ne fût pas si nouveau que cela, on se doute bien que nos explorateurs ne vont pas le faire remarquer. D'autres s'en chargent. A la mort de Colomb, le royaume intente un procés à son fils et héritier, Diego, pour lui retirer les droits sur l'Amérique au motif qu'elle avait déjà été découverte et que Christophe Colomb le savait. A l'époque, l'homme de la rue ne connait que Vespucci; c'est la biographie de Christophe Colomb, rédigée par Diego, qui engendrera sa légende. Dans ces conditions, le biographe peut-il être regardé comme impartial? |
Avouez que les faits laissent beaucoup de place au doute... et à l'imagination. Dans mon roman Le onzième manuscrit , je concilie le portrait, improbable quoique traditionnel, d'un Colomb partant à l'aventure, cher à nos livres d'histoire, et l'ensemble des faits présentés ci dessus. Mais ça, c'est une autre Histoire. | |
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