Des bandes dessinées au temps de l'Empire Romain?


Impossible, n'est ce pas? Il en serait resté quelque chose. Les historiens le sauraient. Vous en auriez entendu parler. A moins... que le destin ne se soit plu à en effacer toute trace de la plus étrange des façons.


Extrait de "Le onzième mansucrit" © G. Courtial et Odyssée Editions. Reproduction même partielle strictement interdite.
Province de Naples, année 832 de la fondation de Rome
Pyrham avait prévu de se rendre directement à Naples, mais son cheval boite, c'est pourquoi il s'est engagé sur le chemin pavé qui descend vers cette vivante bourgade. Une charrette quitte la ville. Lorsqu'il la croisera, il demandera conseil pour le choix d'une auberge. Son oeil s'attarde sur l'architecture plaisante de la cité, son oreille se prête au chant des oiseaux. Il oublie le problème des deux équations à deux inconnues communes, qui occupait son esprit un instant plus tôt. Cette ville a une tête a produire un bon petit vin.

La charrette arrive, il en distingue l'équipage, un homme, un enfant et un chien. Quelque chose chez l'homme lui semble vaguement familier. Comme ils vont se croiser, l'homme le salue très respectueusement.
_Avé, Maître Pyrham.
Incroyable. C'est le petit Marcus. Comme il a grandi. Pyrham se souvient des jours lointains où il était l'esclave de sa famille. C'est aprés la défaite de Vologèse en 811, que l'érudit parthe fut ramené à Rome et vendu à un riche commerçant napolitain, en quête d'un précepteur pour son fils. Il a enseigné à ce garnement la géométrie d'Euclide et la poésie d'Ovide, mais ça entrait par une oreille et ça ressortait par l'autre. Toujours dans les nuages, ce petit. Comme il a l'air sérieux, à présent.
_Avé, Marcus. Si je m'attendais... Mais dis moi, qui est ce là? Tu as un fils?
_Si fait, Maître. Je vous présente Pietrus. Il aura sept ans aux calendes d'October.
Le gamin regarde ce grand inconnu, avec un mélange de curiosité et de timidité.
_Avé. -Risque-t-il.


_Avé Pietrus. J'espère que tu es meilleur étudiant que ton papa.
_Houlala. -gémit Marcus, quoique toujours souriant.- il est bien pire que j'ai pu l'être. Et ses précepteurs ne valent pas le mien.
_Et ton père, comment va-t-il?
_Il est mort, voici deux ans. -regrette Marcus.
_Oh. Je suis navré.
Pyrham ressent un profond chagrin de la disparition de son ancien maître. Une pneumonie, précise Marcus. Le savant s'efforce de ramener la conversation vers quelque sujet plus gai.
_Et que transportes tu là, dis moi?
_Des marchandises que je vais vendre à Naples. -Le brave homme semble un peu gêné.- Vous allez penser que je suis resté un rêveur et juger tout cela bien frivole.
Il tire la couverture qui recouvrait le contenu de la charrette. Quelle n'est pas la surprise de Pyrham, en découvrant dessous une bonne douzaine de parchemins.
_Je ne vois rien de frivole ici. Je dois même dire que le choix de ces marchandises m'étonne de toi.
_C'est que... vous n'avez pas vu leur contenu.
_Et qu'a-t-il de spécial leur contenu?
Marcus ne répond pas.
_Hé bien. Fais moi donc voir.


LA SUITE?



Page et texte © G. Courtial, reproduction interdite. Illustration Arc de Constantin à Rome.