Klaus Janson Manthing | Pourtant, quitte à ce qu'une seule création de ces années leur survive, ce n'est pas tant Conan qui l'aurait mérité que Man Thing. Quoi ce monstre? Si Conan se détachait de la médiocrité de l'époque par son apparence, ses scénarios, eux, ne faisaient pas mentir son sous titre: le barbare. MAN THING , au contraire, par son apparence, était tout à fait à sa place parmi les vampires et autres loups garous de l'époque, mais pour ce qui était du scénario c'était une toute autre histoire. Les méchants de STEVE GERBER n'étaient ni des savants fous, ni des morts vivants, mais un prédicateur décidé à tuer tous ceux qui ne se conformaient pas strictement aux paroles du seigneur, un policier qui confondait service de la justice et extermination des délinquants, un promoteur immobilier dans son droit mais fort peu écologiste. Le héros lui même était le premier -et peut être le seul- personnage de BD à ne pouvoir être classé ni dans les bons, ni dans les méchants. Il n'était pas assez intelligent pour cela. Man Thing était plus proche de la plante que de l'animal, ne parlons pas de l'homme encore moins du surhomme. La compétence de Gerber était mise en doute par les patrons de Marvel qui n'appréciaient guère son travail. Pour eux, un bon scénario, c'était un scénario à la Marvel. Un vilain, indiscutablement méchant, vient troubler l'ordre social. Le héros arrive, ils se bagarrent et le héros gagne. ça c'était un scénario. La seule variable, c'était le choix du vilain. Mais Gerber n'était pas capable de tels chefs d'oeuvre. Il fallait toujours qu'il s'embourbe dans des péripéties inutiles, qu'il s'encombre de considérations psychologiques sans intérêt bref qu'il raconte une histoire. Alors, raconte Gerber, de temps en temps pour leur faire plaisir, il écrivait un scénario tout bête, sans histoire, sans rien. " Et ils disaient: Vous voyez, quand il veut, Gerber est capable de faire du bon travail. " Après Man Thing (Octobre 72), Gerber créa Howard the Duck, une version satirique et délirante du Donald de Walt Disney qui se présenta aux présidentielles de 76 contre Ford et Carter. |