Histoire des Marvel Comics.
Buscema: le Surfer et Mephisto | Jusqu'ici les super héros combattaient des savants fous, des monstres, des super vilains. On passa la vitesse supérieure avec Fantastic four 48 à 50. Cette fois c'est du tout puissant Galactus, qui se nourrit en dévorant les planètes, dont nos héros vont devoir sauver la Terre. Cette trilogie est exemplaire à plus d'un titre. D'une part, elle illustre bien l'importance majeure de Stan Lee dans la réalisation des Marvel Comics. Quand Kirby lui a apporté ses planches le scénariste a eu la surprise d'y découvrir un personnage qu'il n'avait pas prévu: un bonhomme chromé qui traversait l'univers sur une planche de surf. " Qu'est ce que c'est que ça? Oh, ça? -répondit Kirby- C'est le héraut de Galactus. J'ai pensé qu'un personnage de cette importance devait en être précédé, comme les seigneurs au moyen âge. Je l'ai appelé le Surfer d'Argent. " Le SILVER SURFER La saga du Silver Surfer est également exemplaire de la politique de surenchère-et-terre-brulée caractéristique de Marvel. Tout comme la résurrection des personnages disparus sans considération pour la crédibilité de l'épisode où il sont morts. Ces trois épisodes auraient du rester historiques. C'était la première fois dans l'histoire de l'univers que l'omnipotent Galactus, celui dont les peuples les plus puissants de toutes les Galaxies n'osaient pas murmurer le nom avait été contraint à renoncer à l'objet de sa convoitise. On aurait du évoquer cet événement aux quatre coins de l'univers dans des milliards d'années en doutant de sa réalité. Mais Lee et Kirby trouvèrent que ce serait une excellente idée de faire revenir Galactus. Et il revint et il re-revint. Se prenant une déculottée à chaque fois. Il finit même par se faire dérouiller par aunt May, la vieille tante de Spider-Man. J'ironise bien entendu? Pas du tout. C'était dans Marvel Team Up 137. Il faut dire que la vieille dame était aidée par Franklin, le fils de Mister Fantastic, un gamin de cinq ans. Ils s'y sont mis à deux, les lâches! |
BUSCEMA Condamné par Galactus à rester sur Terre, pour châtiment de sa trahison, le Silver Surfer eut bientôt droit a sa propre série dont le dessin fut confié à John Buscema. Buscema avait débuté chez Marvel... en 1948. De 1950 à 1966 il avait travaillé sur des séries mineurs chez divers éditeurs. De retour à Marvel il s'était vu confier Hulk, Submariner et les Avengers mais le Silver Surfer de Mai 1968 fut sa première création personnelle. Création le mot n'est pas trop fort, car il faut de bonnes lunettes pour reconnaître le personnage de Kirby. et je ne fais pas allusion à la différence de traitement graphique, même si celle ci était considérable, mais au contraste radical entre l'essence et la personnalité de ces deux personnages qui étaient pourtant censés n'en être qu'un et qui en théorie avaient le même scénariste. |
Le Surfer de (Stan Lee et ?) Jack Kirby était un extra terrestre au sens le plus rigoureux du terme. Quand on lui offrait à manger il répondait " Quelle drôle d'idée pourquoi ne pas directement transformer tout cela en énergie? " Lui qui pouvait voler trouvait plus simple de quitter le toit d'un gratte ciel en se laissant tomber dans le vide, car il ne voyait pas d'inconvénient à encaisser une chute pourtant suffisante à le mettre KO. Les sentiments humains lui étaient inconnus. Ainsi il ne réussit jamais à se figurer les causes de la colère du Thing, dans l'épisode où ce dernier le surprenait avec sa petite amie. Cet étranger absolu avait passé l'éternité à sillonner le cosmos. Tout puissant, il était, selon le mot de Kirby " un Dieu sur Terre ". |
Le Surfer de (Stan Lee et ?) John Buscema avait été un être humain il y avait quelques années à peine. Il avait été transformé par Galactus en la créature argentée qu'il était à présent. Il avait laissé sur sa planète natale sa fiancée dont la séparation lui déchirait le coeur. D'une puissance limitée , très vulnérable, le Surfer de Buscema était le témoin critique des tares de l'humanité: guerres, crimes, égoïsme. Persécuté par cette humanité dont il ne manquait pas une occasion de prendre la défense contre divers menaces extra terrestres, il avait surtout pour ennemi Méphisto. Ici Buscema donnait un tour presque métaphysique à la série. Méphisto, le Diable, aurait pu tuer le Surfer sans même faire un geste, mais c'était son âme qu'il voulait, la seule âme non corrompue de notre planète. Stan Lee n'hésita pas à comparer le Surfer à Jésus Christ. |
Peut-être vous êtes vous étonné, en lisant le dix-huitième et denier épisode, de la manière dont le Surfer pète les plombs . En constatant que la série ne marchait pas, Stan Lee fut pris d'une subite inspiration: Cet échec était dû au caractère pacifiste du héros. Idée de génie: on allait en faire un super succès en le transformant en "le Surfer d'Argent Sauvage" (J'invente rien.) L'entreprise fut confiée au dessinateur vedette de la maison, un Jack Kirby parfaitement conscient de la stupidité de l'affaire mais peu désireux de jeter une allumette supplémentaire sur le torchon qui brûlait déjà entre lui et Marvel. D'où ce Surfer cinglé à côté duquel Hulk fait figure de gentil petit lapin. Le Savage Silver Surfer connut un succès dont l'ampleur se devine au fait qu'il n'y eut jamais de numéro dix neuf. |
Cette série qui fut un échec aux USA marqua profondément les lecteurs français lors de sa publication chez nous dans Fantask en 1969 et Strange en 1970. Par la suite Buscema connut une riche carrière avec les reprises de Spider-Man, Fantastic Four, Captain America, Thor et Conan le barbare notamment et le Surfer eut droit dans les années 80, 90 à une seconde série plus ordinaire et moins éphémère. |
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