EXTRAIT DE
"LE ONZIEME MANUSCRIT"
Roman de Gérard Courtial

disponible en téléchargement.
© G.Courtial et Odyssée Editions. Reproduction même partielle strictement interdite.

Il descendait lentement dans les eaux noires et froides. Dans le faisceau de sa lampe frontale, la masse sombre sous ses pieds prenait, peu à peu, la forme de l'épave. Le drakkar reposait en amont de la statue, par 262 mètres de fond. La silhouette sombre et menaçante du grand serpent, à la proue, semblait guetter son approche, attendre le moment de frapper. Le navire avait été littéralement coupé en deux sur tout son long. Le bois, le long de la déchirure, avait la forme torturée et caricaturale d'une mâchoire géante. Le pont était jonché de squelettes, éparpillés en vrac, les os des uns mêlés à ceux des autres. Certains avaient conservé des lambeaux de vêtements. Aucun poisson dans les parages. Irededieu était le seul être vivant, dans ce cimetière ouvert à tous les courants. Examinant un crâne, il songea que la dernière chose qu'avaient vu les yeux de ces orbites vides était le dieu du mal, Loki, et sa gigantesque épée. Mais il en eût fallu plus pour l'impressionner.

Descendant dans la cale, il la trouva vide. Quelques morceaux de squelettes avaient roulé jusque là et quelques lambeaux de fourrure, tout au plus, achevaient de se désagréger. Des débris de bois pointus saillaient un peu partout, imposant de se déplacer avec vigilance. Il remonta sur le pont. Il examina les armes rangées contre le bastingage. Un arsenal impressionnant de haches, lances, épées. Toutes à leur place. Elles n'eurent été de guère d'utilité contre "Loki", de toute façon. Il nagea jusqu'à la partie surélevée, à l'arrière, domaine du capitaine, à ce qu'en avait dit Monique. Il n'y trouva rien de spécial, juste un casque, un bouclier et une très grande épée. Il ne savait pas pourquoi, il avait tout à coup pensé à une carte. Une carte aurait été mangée par l'eau depuis longtemps. Il ne fallait rien espérer de tel, la présence de ce drakkar à mille lieux des routes de navigations, même les plus improbables, resterait à jamais un mystère. Un de plus.

"LE ONZIEME MANUSCRIT"